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La plateforme en ligne Shein sous la menace d'une suspension en France
information fournie par AFP 05/11/2025 à 21:36

Des personnes font la queue devant le Bazar de l'Hôtel de Ville (BHV) à Paris, le jour de l'ouverture du premier magasin physique du géant asiatique du commerce en ligne Shein, le 5 novembre 2025 ( AFP / Dimitar DILKOFF )

Des personnes font la queue devant le Bazar de l'Hôtel de Ville (BHV) à Paris, le jour de l'ouverture du premier magasin physique du géant asiatique du commerce en ligne Shein, le 5 novembre 2025 ( AFP / Dimitar DILKOFF )

Le gouvernement a annoncé mercredi qu'il engageait une procédure de suspension de la plateforme asiatique en ligne Shein, le jour de l'inauguration de son premier magasin au monde, à Paris, et après l'ouverture d'une enquête pour la vente de poupées sexuelles d'apparence enfantine.

Le Premier ministre Sébastien Lecornu a dit engager une procédure de "suspension" en France du site internet de Shein, "le temps" que la société se conforme aux lois du pays.

Shein a 48 heures pour retirer les produits interdits de son site, sinon "une réquisition numérique pourra être ordonnée", permettant au gouvernement d'"exiger la suspension du site internet", a précisé le ministère de l'Economie.

"On a saisi la Répression des fraudes (la DGCCRF, NDLR), ce sont des enquêteurs avec pouvoir de police qui déclenchent une procédure très rapide, ça dure 48 heures, pour échanger avec la plateforme et voir si elle est capable de se mettre en conformité", a détaillé mercredi soir le ministre de l'Economie Roland Lescure sur LCI.

En cas de non-conformité, la sanction peut être "le déréférencement ou la suspension, on tape Shein dans le moteur de recherche et on ne le trouve plus", a-t-il précisé.

- La justice saisie -

Dans une autre procédure, le gouvernement a saisi la justice pour demander le blocage du site Shein "au regard du caractère systématique et répété des infractions de la plateforme" et pour "faire cesser de façon certaine les graves dommages à l'ordre public causés par (s)es défaillances".

Après la vente des poupées sexuelles à l'effigie de fillettes, pour laquelle le parquet de Paris a ouvert une enquête lundi, des armes de catégorie A (machettes, poings américains) ont été repérées sur le site.

Shein a pris acte, dans un communiqué, de la décision du gouvernement. "La sécurité de nos clients et l'intégrité de notre +marketplace+ (place de marché où sont proposés des produits de vendeurs tiers, NDLR) sont nos priorités absolues", a assuré l'entreprise.

Le géant asiatique du e-commerce a annoncé parallèlement suspendre sa "marketplace" en France "à la suite de préoccupations liées à certaines mises en ligne effectuées par des vendeurs tiers indépendants" et "indépendamment" de la décision de Matignon.

Shein n'a en revanche pas souhaité réagir dans l'immédiat à la saisine de la justice concernant le motif d'atteintes à l'ordre public.

Ces procédures ont suivi de quelques heures l'inauguration, au BHV, de la première boutique physique de Shein, au 6e étage de ce grand magasin parisien.

Frédéric Merlin, le patron de la Société des grands magasins (SGM), propriétaire du BHV depuis 2023, s'est dit devant la presse "satisfait" de cette suspension de la "marketplace", disant espérer "qu'enfin on pourra arrêter d'(y) vendre des produits illicites.

- "Curiosité" -

Sous la vigilance d'un important dispositif policier, de nombreux clients ont constitué une longue file devant le magasin toute la journée, venus par "curiosité" ou parce que "c'est moins cher".

Hammani Souhaila, sortie avec un t-shirt à 16,49 euros pour sa fille de 17 ans, a regretté que les produits vendus au BHV soient "plus chers qu'en ligne".

Si pour Laure, cheffe d'entreprise dans le médical, 58 ans, ce magasin est "une arnaque", de nombreux clients sont sortis satisfaits, sacs en mains, comme Rouma Chiniah, aide-soignante versaillaise de 62 ans, "pas déçue", qui a dépensé au moins 200 euros.

Mercredi, le grand magasin a enregistré une fréquentation supérieure de 50% à une journée normale, selon la SGM.

L'arrivée physique de la plateforme Shein, fondée en 2012 en Chine et désormais basée à Singapour, cristallise les tensions autour de la régulation du commerce en ligne et de la mode jetable.

Mais pour certains clients, comme Fatima Mriouch, éducatrice de 48 ans, "il n'y a pas que Shein" en cause dans les dérives environnementales ou sociales du secteur textile mondial. "Les poupées, comme par hasard c'est arrivé là, ça ne m'a pas empêché de venir."

- "Pillage" -

L'entreprise a déjà écopé cette année en France de trois amendes d'un total de 191 millions d'euros pour non-respect de la législation sur les cookies, fausses promotions, informations trompeuses et non-déclaration de microfibres plastiques.

Une employée de Shein dans le premier magasin physique du géant de l'e-commerce asiatique installé au BHV à Paris, le 5 novembre 2025 ( AFP / Dimitar DILKOFF )

Une employée de Shein dans le premier magasin physique du géant de l'e-commerce asiatique installé au BHV à Paris, le 5 novembre 2025 ( AFP / Dimitar DILKOFF )

Outre les accusations de recours à des sous-traitants sous-payés et des pratiques supposées néfastes pour l'environnement, Shein est aussi accusé de participer aux difficultés du secteur textile et des petits commerces.

Plusieurs marques françaises ont déserté le BHV, dénonçant un partenariat en contradiction avec leurs valeurs et leurs intérêts.

Cinq autres boutiques Shein ouvriront en province prochainement, à Angers, Dijon, Grenoble, Limoges et Reims.

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8 commentaires

  • 22:00

    Ensuite, je suis persuadé que ces plateformes sont un instrument du régime chinois pour détruire nos économies. Mais l'occidental moyen n'y voit que du feu, aveuglé par son consumérise pour de la m.... du moment qu'elle coûte pas cher et qu'il peut en entasser le plus possible.


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